Mon histoire n’est pas si différente des autres femmes, je crois, mais demande tout de même a être déposée sur papier, par écrit. Cette histoire, je la porte en moi depuis toujours, mais encore plus depuis le jour où je m’étais fais la promesse, étant une petite fille, de rester jeune, de rester une fille pour toujours, de ne jamais vouloir grandir. De rester la *ti-mère* de mon père et de ma mère. Ce pacte que je m’étais fait, sur le bord du lac de la maison familiale. 

Je me rappelle comme si c’était hier, j’étais encore une enfant, je dirais 12 ans environ et je ressentais beaucoup d’amertume et de crainte face à l’idée de grandir, de vieillir, de devenir un jour une femme. Grandir me faisais peur. Devenir une femme et un jour une maman était anxiogène pour cette petite fille que j’étais encore à l’époque. Si jeune, mais déjà hypersensible, déjà angoissée par l’avenir. Inquiète de quitter le nid familial, de quitter mes racines, ma zone de confort, ma sécurité, appréhendant déjà la vie et ses défis. 

Puis vint les règles, les hormones, le corps qui change. Puis les garçons, les autres filles, leur corps qui ne ressemblaient pas tellement au mien. Puis les comparaisons, la honte, l’auto-sabotage, les critiques, le manque de confiance, le rejet de soi, l’abandon de ma féminité,  les blessures qui s’installent petit à petit. 

Se sentir bien auprès des filles qui me ressemblent;

Se sentir mieux auprès des garçons en tant que la *one of the boys*;

Se surprendre à avoir des sentiments pour les garçons, mais refouler pour ne pas *vieillir* trop rapidement; 

S’amuser à vouloir plaire, sans aller plus loin;

Chercher à combler ce manque de confiance;

Puis aimer, aimer vraiment. Profondément.

Et se faire rejeter, se rejeter soi-même. 

Se recréer une identité à partir des pièces cassées, éparpillées. 

Jouer à la dure alors qu’à l’intérieur, ce n’est que de la douceur. 

Vouloir plaire en répondant aux exigences des autres.

Devenir une partie de l’autre, laisser l’autre partie de soi aux oubliettes. 

Refouler ce qu’on aime pour ne pas être jugée.

Aimer ce que les autres aiment pour se sentir accepté.

Laisser de côté une parcelle de ma féminité.

Accepter d’être abusé par eux, aux risques de déplaire. 

Autoriser avec ma tête, mais certainement pas dans mon coeur. 

Refouler l’envie de danser, de me maquiller, d’exposer ma féminité. 

Puis doucement, sortir de se torrent. Se pardonner. Et pardonner. 

Revoir tranquillement de la lumière là où il y avait de la noirceur, de la densité.

Reconnecter progressivement avec mon corps, mon temple, ma féminité sacrée.

Me réapproprier mon identitié, mon essence, ma maison.

Aujourd’hui, je guéris délicatement de ces blessures, je me permet d’Être. 

Maintenant, j’apprend à accueillir cette femme que je suis, cette femme que je deviens, cette femme que j’aspire être. La mère que je deviendrai, un jour peut-être. 

Je m’éveille en tant que femme, j’honore cette partie de moi. 

Je fleurie, je rayonne, je respire, je grandis, j’illumine. Je suis maintenant sur ce pèlerinage vers la quête de mon être. Cette grande aventure d’être moi. 

 

-Carol-Ann xx